mardi 4 mars 2008

Le MoDem pourrait réaliser aux municipales un score proche de celui de Bayrou en 2007

Merci de lire ce qui suit: par le même auteur des articles assassins sur François Bayrou lors de la création du Mouvement démocrate du 1er décembre 2007.
Vous comprendrez pourquoi il faut nous engager auprès de François Bayrou, le soutenir et élire tous les candidats se référant à lui. C'est lui l'avenir de notre pays.
C'est ma profonde conviction.
LEMONDE.FR 04.03.08 15h44 • Mis à jour le 04.03.08 20h09

Le Monde : En quoi l'échec de F. Bayrou à Pau condamnerait le MoDem ? En d'autres termes, le MoDem peut-il exister sans F. Bayrou ?
Patrick Roger : Il y a deux choses : le MoDem est évidemment "Bayrou dépendant". Il est clair qu'aujourd'hui, son principal atout est la personnalité de François Bayrou, installé comme 3e homme de la présidentielle et qui, autour de lui, fédère une nouvelle génération de militants, venus à la politique notamment dans le cadre de la présidentielle, et la réussite du MoDem dépend de la fusion entre ces anciennes générations venues du centrisme et ces nouveaux venus, notamment de la gauche associative ou des Verts. Donc on peut dire que Bayrou est indispensable au MoDem, car c'est le fédérateur, c'est celui qui incarne le MoDem.
Deuxième question : un échec éventuel à Pau remet-il en question le MoDem ? Non. Il est sûr que la partie n'est pas gagnée à Pau, et que s'il échoue dans la conquête de la mairie, les choses seront un peu compliquées pour lui. Mais je ne pense pas que cela remettra fondamentalement en cause le projet politique qui est celui du MoDem. Ce sont deux choses différentes.
Le Monde : Quelles sont ses chances à Pau ?
Patrick Roger : A l'heure actuelle, c'est très "ric-rac". La logique politique et la logique sociologique de la ville de Pau voudraient que la ville reste à gauche. Donc logiquement, la liste d'union de la gauche aurait toutes les chances de l'emporter.
Cela dit, la personnalité de Bayrou sur Pau - il est député et l'a emporté aux dernières législatives - fait qu'à l'heure actuelle ils sont au bord à bord en ce qui concerne les intentions de vote. Cela va se jouer très probablement sur les derniers jours.
Ce qui est sûr, c'est que Bayrou fait une campagne comme il n'en a jamais fait, en étant présent du matin au soir sur le terrain - il le reconnaît lui-même.
Le Monde : Selon vous, quelle sera la stratégie du MoDem à Paris ? Marielle de Sarnez peut-elle jouer sa carte perso pour supplanter Bayrou à la tête du MoDem ?
Patrick Roger : Les rôles sont clairement répartis : la notoriété de Bayrou, encore une fois, est indispensable au MoDem.
En revanche, il est sûr qu'on bon score de Sarnez à Paris qui la rendrait incontournable en vue du second tour permettrait à Bayrou de faire oublier un éventuel échec à Pau. Donc c'est pour cela que Bayrou vient ce soir soutenir Sarnez. Il était déjà venu il y a une dizaine de jours. La réussite de Sarnez à Paris est indispensable au projet futur du MoDem, et par conséquent à Bayrou lui-même.
Le Monde : Ces municipales peuvent elles être l'occasion de renforcer la convergence entre MoDem et gauche républicaine ?
Patrick Roger : On est encore dans une phase de déconstruction, je pense. On n'a pas encore atteint la période de reconstruction d'un nouveau paysage politique. Mais ces élections municipales constituent un peu la dernière phase de la période que l'on a vécue depuis 2007 : présidentielle, législatives et maintenant municipales. On voit les frontières politiques en train de se déplacer.
Le désordre n'est pas qu'au MoDem, il existe également à l'UMP, et au PS. On voit le nombre de listes dissidentes, de ralliements d'un côté ou de l'autre. Ces municipales sont la poursuite de ces phénomènes de décomposition. Les recompositions vont venir plus tard.
On n'en est pas encore là, même si des alliances se nouent au cours des municipales, on voit qu'elles sont à géométrie variable.
Le Monde : Beaucoup des 60 000 nouveaux adhérents du MoDem sont repartis. Dans mon département de Seine-Saint-Denis, j'évalue ces départs à environ 70 pour cent. A combien évaluez-vous ces départs en France ?
Patrick Roger : Il y en a eu effectivement dans certains endroits, notamment à Bordeaux, quand le MoDem a fait le choix de passer des alliances avec l'UMP. Des adhérents très déçus sont repartis. Le cas le plus emblématique de cela, c'est Bordeaux.
Le Monde : Quel est l'enjeu financier pour le parti ?
Patrick Roger : Rien. Les municipales sont des élections qui coûtent plutôt qu'elles ne rapportent.
L'enjeu essentiel est d'ancrer sur le terrain ces nouvelles forces qui sont apparues depuis 2007, de leur donner un enracinement local, et de les faire émerger dans le paysage politique local, et même national.
Si les listes autonomes du MoDem réussissent assez largement de manière générale à obtenir des scores à deux chiffres, cela fera du MoDem au plan national la 3e force politique.
Le Monde : Où en est Ségolène Royal avec le MoDem ? Delanoë ne fait-il pas que reprendre l'élan initié par la dirigeante socialiste ?
Patrick Roger : A ma connaissance, depuis la présidentielle, Ségolène Royal et François Bayrou n'ont pas eu de contacts. Ségolène Royal, pour l'instant, mène sa propre campagne, qui est de prendre d'assaut le PS.
Pour cela, le rapprochement avec le MoDem ne peut pas être un argument de conquête du PS, donc elle se garde bien pour l'instant de mettre les pieds sur ce terrain.
Delanoë, lui, a l'enjeu de la municipale à Paris. Et à supposer que les candidats du MoDem fassent aux alentours de 15 %, c'est une force avec laquelle il va devoir compter. Donc visiblement, lui doit envisager entre les deux tours une discussion avec le MoDem. Là, c'est l'enjeu parisien. Or pour lui, c'est sa capacité à reconquérir Paris, et la manière dont il le fera, qui déterminera son poids futur au sein du PS.
Le Monde: Y a-t-il au sein de l'UMP une branche de gaullistes-républicains susceptible de rejoindre le MoDem ou le Nouveau Centre pour manifester leurs désaccords avec la politique du gouvernement actuel ?
Patrick Roger : Le MoDem et le Nouveau Centre, ce sont deux choses totalement différentes. Le Nouveau Centre a fait le choix de rejoindre la majorité présidentielle et en est aujourd'hui totalement l'otage. Le Nouveau Centre n'existe qu'à travers son groupe parlementaire, lequel ne dépend que de la protection que lui accorde l'UMP.
En ce qui concerne le MoDem, je ne vois pas dans l'immédiat des "républicains de droite" rejoindre le MoDem. Mais il y a évidemment du côté de Bayrou la volonté de maintenir des liens avec un certain nombre de représentants de cette droite républicaine. L'exemple là aussi le plus significatif, c'est Juppé.
L'alliance Bayrou-Juppé à Bordeaux, et je dirais même en Aquitaine, n'est pas seulement une alliance conjoncturelle, tactique. Elle vise bien au-delà, qui est l'esquisse d'un front face à Sarkozy, qui peut éventuellement aller plus loin.
De même, il y a eu l'appel à la vigilance républicaine. On voit là se dessiner des intérêts convergents plutôt que des alliances à court terme.
Le Monde : A part peut-être Pau, y a-t-il une ville où le MoDem peut gagner dans une triangulaire ? (peut-être par accord et désistement d'un parti de gauche ou de droite) ?
Patrick Roger : Il y a déjà des villes où il y a des maires MoDem sortants. Par exemple Arras, Saint-Brieuc. Et là, dans ces cas-là, Bayrou, qui avait déjà subi une très forte purge de ses élus aux législatives, a laissé ces élus locaux, ces maires libres de constituer des alliances comme ils l'entendaient.
La plupart de ces maires sont soutenus par l'UMP, ils n'ont pas d'adversaires de l'UMP. Ils vont donc conserver leur mairie.
Maintenant, le MoDem est-il en mesure de gagner des villes dans le cadre de triangulaires ? Ils peuvent réaliser dans certaines villes des scores importants, mais qui ne le mettront pas en mesure de gagner les villes. Le seul gain possible, à mon avis, c'est Pau, et ça ne va pas être facile.
Le Monde : Avec le MoDem, dans le contexte actuel, ne risque-t-on pas de se retrouver avec un parti ayant de nombreux adhérents et peu d'élus de toute nature alors que d'habitude on est plutôt dans la situation inverse ?
Patrick Roger : Ce n'est pas tout à fait vrai. Parce qu'à la différence des législatives, la plupart des maires sont restés au MoDem.
Deuxième chose : à l'inverse de 2001, où l'UDF finalement n'était présente qu'à travers des alliances avec l'UMP, c'est la première fois que le MoDem se présente de manière autonome, avec 332 listes. Donc il aura plus d'élus dans les conseils municipaux qu'il n'en avait en 2001. C'est cet enracinement local que vont permettre les municipales au MoDem.
Le Monde : L'explosion du MoDem lyonnais ne présage-t-elle pas de ce qui risque de se passer au moment d'élections nationales ? un canal à gauche, un canal à droite et un canal au centre. Et n'est-ce pas d'ores et déjà l'échec de la troisième voie tant voulue par Bayrou ?
Patrick Roger : Je ne crois pas. Les municipales marquent un peu la dernière étape du chapitre de l'UDF. A Lyon, on avait un contexte très particulier, avec au-delà de la ville, l'enjeu du conseil général qui était présidé par Michel Mercier. Sur Lyon en tant que telle, le MoDem n'avait pas une force considérable. En revanche, il avait un grand nombre d'élus locaux autour de Lyon.
L'éclatement du MoDem sur Lyon vient de ce que Michel Mercier a privilégié le maintien de ses conseillers généraux plutôt qu'une hypothétique alliance avec la gauche. C'est le dernier avatar de cette page qui se tourne. Cela fait beaucoup de mal, évidemment, au MoDem.
Mais encore une fois, ce qui se joue pour le MoDem dans les années à venir, c'est la jonction, la fusion entre ce qui reste de l'UDF, les anciens de l'UDF qui ont choisi de suivre Bayrou dans la voie de l'autonomie, et les nouveaux venus d'autres horizons et cette culture qui est en train de prendre forme. Les difficultés sont derrière, d'après moi.
Le Monde: Qu'en est-il des cantonales ? Devons-nous attendre une surprise démocrate dans les conseils généraux ?
Patrick Roger : Non, je ne crois pas. Il y a des candidats du MoDem, il y avait des élus sortants, etc., mais la priorité pour le MoDem, ce sont les municipales, non les cantonales. Même si, encore une fois, il y aura des élus sortants qui vont être réélus.
Le Monde : Le MoDem a choisi de s'appeler ainsi pour éviter toute référence à la gauche et à la droite, pour autant, peut-il réellement exister comme une force autonome indépendamment de la gauche et de la droite ?
Patrick Roger : Là, les municipales apportent la preuve de son existence autonome, par la présentation de 332 listes dans les villes de plus de 10 000 habitants.
Ensuite, le mode de scrutin au second tour fait que, ensuite, il y a des alliances ou des fusions de listes ou des désistements. Pour l'instant, on est encore dans un système de bipolarisation entre deux forces principales. Ce système est-il éternel ? Qui vivra verra.
Le Monde : Au final, n'y a t-il pas la place pour un seul parti social-démocrate : soit le MoDem ayant absorbé l'aile droite du PS, soit le PS s'étant séparé de son aile gauche et ayant absorbé le MoDem ?
Patrick Roger : C'est peut-être ça qui est en train de se dessiner. Je crois profondément que les frontières politiques vont bouger dans les années à venir, qu'un chapitre de la vie politique française se clôt.
Le cycle ouvert dans les années 1970 est en train de s'achever. Le paysage politique va bouger. On voit émerger une gauche radicale, avec notamment Besancenot, et le PS ne peut pas continuer à occuper les deux bouts, l'ensemble du spectre de la gauche. Donc il va y avoir forcément des clarifications qui vont s'opérer. Et à ce moment-là, effectivement, des rapprochements vont se faire dans un sens ou l'autre.
Oui, il est normal qu'il y ait grosso modo une droite traditionnelle, une gauche social-démocrate, qui peut occuper l'espace avec un centre social-démocrate, et une gauche radicale. Tous ces processus-là sont en cours.
Le Monde : Le manque de "figures de proue" est-il un handicap pour le MoDem ? En effet, à part François Bayrou et Marielle de Sarnez, peu de ses membres sont invités à s'exprimer dans les médias...
Patrick Roger : Evidemment, puisque la plupart des notables de l'UDF ont rejoint l'UMP ou se sont satellisés vis-à-vis de l'UMP. En revanche, je suis assez frappé par ce qui se passe aux municipales : l'arrivée sur la scène politique de nouvelles générations. Cela, dans l'avenir, ce renouvellement de la politique est à terme une force.
Le Monde : Comment expliquez-vous la difficulté du MoDem à pénétrer les "couches populaires" ?
Patrick Roger : Pour une raison simple, c'est que sur le plan économique et social, le projet du MoDem est en grande partie celui qui inspirait déjà l'UDF, et c'est un projet social libéral.
Et par ailleurs, le MoDem a peu de relais syndicaux, voire pas du tout, à l'inverse des partis politiques de gauche tels que le PC ou le PS.
Donc effectivement, je crois que c'est d'abord pour des raisons programmatiques que le MoDem n'a pas cette visibilité, cette accessibilité au sein des couches populaires. Et probablement aussi est-ce un des principaux enjeux de la réflexion qu'il doit avoir maintenant face à son projet.
Il est assez avancé sur des questions de société, de développement durable, etc. En revanche, sur les questions sociales, c'est sa principale faiblesse aujourd'hui.
Le Monde : Vous avez, au moment du congrès du MoDem fin 2007 écrit un article particulièrement critique à l'égard de F. Bayrou. Votre but est-il de renouveler l'expérience de déstabilisation du MoDem et de son président, à quelques jours des municipales ?
Patrick Roger : Ce n'était pas un article critique, c'était la juxtaposition de déclarations de tous ceux qui, à différentes époques, après avoir travaillé avec Bayrou, s'en sont séparés, depuis Simone Veil jusqu'à Jean-Marie Cavada. Ces déclarations étaient effectivement très violentes.
Quel était mon but ? Je voulais arriver à comprendre comment cet homme, dont j'ai pu mesurer la popularité au cours de la campagne présidentielle, qui a une vraie popularité, un vrai capital de sympathie, peut par ailleurs déchaîner des réactions aussi violentes de la part de ceux qui l'ont quitté. C'était un vrai mystère pour moi.
Et la preuve en est que quand on a mis bout à bout ces réactions, cela donne un portrait terrifiant du personnage. C'était lui vu par ceux qui l'ont quitté, et c'était extrêmement négatif. Mon regret dans cette affaire, c'est de ne pas avoir pu publier l'équivalent de la part de ceux qui ont au contraire rejoint Bayrou, qui travaillent pour lui, pour ne pas donner uniquement ce son de cloche très négatif. Et c'est vrai qu'au moment où cette page est tombée, cela a eu un effet particulièrement négatif.
Mon but n'est pas de déstabiliser Bayrou, ce serait par ailleurs totalement prétentieux de ma part de penser que je puisse jouer ce rôle-là.

Mon mot de la fin : en ce qui concerne les municipales, je ne pense pas que les résultats soient joués à l'avance et de manière aussi binaire que cela semble se dessiner. Je ne serais pas surpris qu'il y ait des surprises. Et que le MoDem réalise des scores pas très éloignés de ceux de Bayrou, car les conditions de fond qui ont conduit au score de Bayrou à la présidentielle sont toujours présentes aujourd'hui. Notamment cette volonté très profonde de sortir d'une bipolarisation gauche-droite. C'est fondamentalement cette volonté de débloquer un espace politique qui apparaît aujourd'hui paralysée par le PS et l'UMP.

Constance Baudry et Soren Seelow

Jacques DESCAMPS
Candidat MoDem Canton de Lille-Nord
jdescamps59@orange.fr

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour ce billet très instructif.