lundi 12 mai 2008

Bayrou, ce moucheron que Sarko n'arrive pas à écraser

Lundi 12 Mai 2008 - 13:39
Nicolas Domenach
Edito de Marianne

Isolé à l'Assemblée, persécuté par la droite et la gauche réunies, le Béarnais reste présent dans le coeur des Français.
François Bayrou est seul. Très seul. De plus en plus seul, exilé là-haut tout là-haut, au plus haut des gradins de l'Assemblée nationale avec les non inscrits, dans ce qu'il appelle " le pigeonnier de la liberté ". Solitaire donc, mais vivant. A ses côtés ne reste plus que son ami Pyrénéen, le fidèle Jean Lassalle, ce géant chantant qui bat des mains comme des ailes quand son chef tente de prêcher… dans le désert parlementaire.
La droite fait en effet comme s'il n'existait plus, ne lui accordant pas même l'aumône d'un regard ou d'une attention lorsqu'il se manifeste. Le brouhaha du mépris accompagne ses rares propos. L'UMP se distrait ostensiblement, mais la gauche aussi, qui ne veut pas lui accorder davantage d'existence, encore moins peut-être, et vaque à son courrier comme à ses conversations quand le président de l'UDF s'exprime à la tribune de l'Assemblée nationae. C'est rare ; le règlement du parlement est fait justement pour que les orphelins de groupe soient réduits à la portion congrue. Or, la portion congrue, encore plus réduite après sa défaite aux municipales dans sa bonne ville de Pau, cette demi-portion que les derniers des derniers sénateurs UDF ont entrepris d'abandonner sous la férule exigeante du président de la République en personne, cet avorton du Centre ne perd pas le sourire.
Bayrou, " Lou ravi du Béarn " comme l'appellent méchamment ses ennemis, et il en a beaucoup, a été requinqué par les récentes enquêtes d'opinion qui prouvent qu'il existe encore. C'est la force de ce thermomètre-sondagier, il peut vous donner une " bonne " fièvre. Il y a d'abord eu le sondage CSA-Marianne qui lui accordait 19 % d'intention de vote pour la prochaine élection présidentielle. Soit un point de plus qu'après le premier tour de 2007, alors qu'il a raté l'entre deux tours et que la stratégie d'alliance tous azimuts aux élections municipales a été pour le moins erratique. Nicolas Sarkozy en a pourtant profité pour répéter la consigne d'extermination et s'énerver contre ceux qui ne la suivent pas, tel Alain Juppé : " il faut écraser l'infâme… ". Le chef de l'Etat est bien obsédé par ce moucheron dont il ne parvient pas à se débarrasser.
Car la stratégie d'éradication poursuivie par le président en personne ne fait pas de doute. Il l'a suffisamment répété à ses proches, parfois avec colère, car leur écoute est trop molle, nonchalante : " Nous avons laissé Bayrou survivre en 2002 et il n'a cessé de nous pourrir la vie. Il faut éviter à tout prix qu'il puisse nous prendre des voix en 2012 ". Voilà pourquoi les manœuvres de déstabilisation ont repris de plus belle au Sénat - un sénateur en moins c'et de l'argent en moins pour le parti bayrouiste - et voilà pourquoi Sarkozy presse aussi le Nouveau Centre de se structurer et de s'organiser davantage ; le jeune Christophe Lagarde, député de Seine Saint-Denis est ainsi particulièrement mis en avant, car lui connaît bien Bayrou et peut donc lui faire mal… ", dit-on à l'Elysée.
Mais Bayrou commence à avoir le cuir vraiment épais, même si lui pèse cette quarantaine de pesteux qu'il doit subir avec Marielle de Sarnez. Tant que les Français et les militants ne le lâchent pas, ça va. Or non seulement ils ne l'ont pas rayé du paysage mais encore ils veulent le réintroduire dans le jeu. C'est lui qu'ils plébiscitent ainsi comme futur Premier ministre pour succéder à Fillon, loin devant Kouchner, Alliot-Marie, Juppé, Borloo, Dati… Il a en lui quelque chose de calme, de déterminé, de paysan, et pour cause, qui rassure face au président Zébulon. En dépit des critiques sur ses inconséquences et sa grosse tête, sa personnalité ne rebute pas. Mais plus encore, ses critiques de fond du sarkozysme sont partagées par les Français, alors qu'il les a exprimées le plus tôt et le plus durement : son refus de l'argent roi et du culte des idoles tocs comme de la réussite tic, son exigence de partage et d'équité, ses appels à plus de retenue dans l'exercice d'une fonction royale que ce spécialiste d'Henri IV a toujours voulue plus majestueuse et plus rassembleuse, son langage de vérité sur les déficits et son exigence de ne plus jeter l'argent par les fenêtres, sa détestation du modèle américain de consommation et de perte d'être… "etc… Sur le fond, les Français lui ont donné raison !
Mais les classes populaires et moyennes qui se détachent de Sarkozy vont-elles aller vers lui, qui ne parvient pas à constituer d'équipe ? Les perspectives sont plus souriantes aujourd'hui qu'hier : pour les élections européennes, ce sera plus facile qu'aux municipales avec la proportionnelle régionale. Et puis les militants n'ont pas déserté: alors que UMP et PS perdent plus de 30 % de leurs adhérents. Un constat le ravi : les foules déçues du sarkozysme ne se tournent pas d'enthousiasme, il s'en faut, vers une gauche préoccupée d'abord de ses affrontements nombrilistes.
Bayrou, sûr de son coup, a prophétisé un éclatement du PS dont il attend avec impatience les retombées. Ca ne dépend pas de lui certes, et si le Parti socialiste échappait à ses démons de la division, là ce serait plus coton. Le patron du Modem n'est donc pas maître de son destin et paraît parfois plus enclin à accrocher sa charrue à sa bonne étoile qu'à creuser profond son sillon pragmatique. Mais Bayrou a le sourire confiant des nouveaux évangélistes qui ont vu Dieu ou la mort de près : il décrit avec sérénité le long chemin ouvert devant ses pas. Un chemin difficile, escarpé, un chemin d'épreuves souvent et de croix parfois, mais il avait prévu l'échec du sarkozysme, puis la fracture de la gauche et enfin sa percée.
Il y a près de 20 ans, il me disait et me répétait en privé : " je créerai une force autonome, je me présenterai à la présidentielle : la première fois, je ferai un score à un chiffre, la seconde fois, ce sera à deux chiffres, la troisième fois, je gagnerai… ". Il y croit… Vous comprenez pourquoi Sarkozy, Copé et les autres veulent l'enterrer vivant.

samedi 10 mai 2008

Canton de Lille-Nord: le feuilleton continue....

La Voix du Nord (Edition de Marcq en Baroeul) ce samedi 10 mai 2008.
Le feuilleton continue………………

Plus de 2 mois se sont écoulés depuis les élections municipales et cantonales de mars 2008, et l’intérêt de la presse pour le MoDem ne s’éteint pas. C’est dire que notre Mouvement dérange la culture du bipartisme ancrée depuis le fond des âges politiques en France. Et je m’en félicite.
Au niveau local, existe-t-il matière à en faire tout un fromage journalistique ?
A Lille, Jacques Richir, fort de ses 7,79%, a rejoint, privé de sa liberté de parole comme on peut l’être en Birmanie ou au Tibet, l’équipe de Martine Aubry comme délégué à la Propreté, hygiène publique, bains-douches - Gestion de la voirie – Braderie. D’ailleurs, le même Jacques Richir chercherait, sans grand succès, semble-t-il, un emplacement pour le MoDem de Lille lors de cette manifestation……….. Sa popularité serait-elle à ce point émoussée parmi les adhérents lillois du Modem ?
A Lille, toujours, le Parti socialiste étend son hégémonie à 6 cantons sur 8, renouvelables, le 7ème (Lille-Ouest) devient une filiale du même Parti socialiste et celui du Vieux Lille-La Madeleine évite le grand chelem à ce même parti, grâce à votre serviteur. Et enfin, la Mairie de La Madeleine a été pourvue de sa nouvelle municipalité UMP au 1er tour, comme d’habitude.
Rien de bien extraordinaire dans une région ancrée historiquement à gauche et dans le contexte politique national actuel.
N’empêche que……………….
Comme mon collègue de Marcq en Baroeul, serais-je l’objet de palabres nationales en vue d’une mesure d’exclusion après l’adoption du Règlement Intérieur le 14 mai prochain par le Conseil National du Mouvement démocrate ? A en croire le patron (provisoire !) du Modem Nord, sans aucun doute!!, de source journalistique toujours !
Alors se pose la question de la rétroactivité. Comme toute loi, décret, décision, règlement républicain, un texte ne s’aurait s’appliquer à des faits antérieurs à sa publication : la rétroactivité n’étant que l’exception, inscrite d’ailleurs dans le contenu dudit texte. Si, toutefois, en dépit de ce qui précède, une mesure disciplinaire venait à être prononcée, nous ne manquerions pas de la contester devant les tribunaux, sur le fond et sur la forme.
Et si, dans cette hypothèse, avec 10 ou 20 adhérents (ce qui ne serait pas difficile à trouver, vu le nombre de déçus de l’attitude de ce Président provisoire départemental), nous instruisions, selon les termes du R.I. en préparation, à notre tour, une mesure d’exclusion à son encontre ? La légitimité de cet acte est évidente. François Bayrou a toujours dit que les alliances devaient être appréhendées autour d’un projet ou de valeurs compatibles avec nos propres idéaux. Qu’en est-il à Lille ? Uniquement par opportunisme carriériste et de la rémunération qui s’y attache, Olivier Henno a obtenu le retrait du candidat socialiste dans son canton, pour permettre son élection, en s’engageant au retrait ou au ralliement au Parti socialiste, sans consultation aucune avec les intéressés, des candidats Modem en lice dans les autres cantons, qui avaient fait valeureusement campagne à leurs frais, sous l’étiquette MoDem. Je m’y suis refusé, et je n’en démords pas, selon le terme du journaliste auteur de l’article.
Des élections internes départementales seront organisées dans les semaines ou mois qui viennent, à l’initiative de la Présidence provisoire, qui, n’en doutons pas, n’est pas pressée de les préparer. De la contestation larvée actuelle pourrait surgir, à cette occasion, une offre alternative pour diriger le département, selon les fondamentaux du Mouvement démocrate. Une collégialité de nouveaux adhérents, frais et motivés, donnerait un sang neuf aux restes d’une UDF, claniques et flétris, dont le Nouveau Centre a refusé l’entrée.
Jacques DESCAMPS